Interview - Akira Toriyama - Battle of Gods - V-Jump - Mai 2013 - DBZ

Interview de Toriyama-sensei pré-Battle of Gods (V-Jump Mai 2013) : couleur de cheveux et histoire d’amour…

V-Jump numéro de Mai 2013 – Akira Toriyama Special Interview       

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Le créateur de Dragon Ball – Akira Toriyama-sensei – qui a été largement impliqué sur le film Battle of Gods, nous parle de ce film avec passion !

Dans mes histoires, « Dieux » et « Extraterrestres » sont un fait

Toriyama-sensei, vu qu’aujourd’hui nous sommes un jour spécial juste avant l’ouverture du film DBZ : Battle of Gods, j’aimerais vous poser des questions sur le film !

OK, faites donc.

Tout d’abord, racontez-nous comment le Titre du film, « Battle of Gods » vous est venu.

A vrai dire, les personnages de Beerus, le Dieu de la Destruction et du Super Saiyan God existaient depuis les premières étapes du film. Et tout simplement m’est venu le titre Battle of Gods.

Pourquoi une bataille des dieux maintenant ? Beaucoup de dieux sont déjà apparus dans Dragon Ball auparavant.

Vous avez raison (rires). Dans mes histoires, « Dieux » et « Extraterrestres » sont un fait depuis le début. Mais je ne veux pas les faire trop exagérés ou représentatifs. J’aime bien quand ils sont inutiles et pas si différents des humains.

Dieux et Extraterrestres sont effectivement présents depuis très longtemps, même depuis Dr Slump. (rires) Mais malgré tout cela, le design de Beerus, le Dieu de la Destruction, ressemble plutôt à un chat qu’à un humain, non ?

Et bien, avec Beerus… je me suis concentré et je me suis dit « j’ai amené dans l’histoire un ensemble de Dieux jusqu’à présent, donc pourquoi je ne ferais pas un être en forme de chat plutôt qu’un humanoïde ? » Et bien sûr, lorsque l’on parle de Dieu-Chat, on pense à l’Egypte. C’est donc comme ça que j’ai pris cette décision.

Dans mon travail, « les personnes qui semblent très fortes sont en réalité faibles »

Il a un air étrange de divinité, ou plutôt…il le personnifie bien. Il est à la fois mignon et effrayant.

Il est un peu étrange, et à première vue, il ne semble pas très fort, je l’aime bien. Il fait également des gestes félins. Dans mon travail, « les personnes qui semblent très fortes sont en réalité faibles »… comme Nappa (rires)

Non non ! Nappa était très fort. (rires) Mais Beerus joue vraiment dans une autre ligue. Donc, en parlant de Beerus, il y a également son assistant, le mystérieux Whis. Comment est né ce personnage ?

Un signe du temps je suppose…

Un signe du temps ?

« J’imagine qu’il est temps d’intégré un nouveau personnage qui a la classe[1] ! »… C’est ce que je me suis dit (rires) et Whis était né. En fait, plus qu’un « personnage qui a la classe », il est devenu un personnage un peu naïf et inconscient, mais de fait, je l’aime bien aussi. Donc Beerus et Whis. Créant des personnages toujours par deux mais aussi des habitudes dans mes histoires.

Vegeta et Nappa. Kibito et Kaiōshin… quand ces personnages sont apparus ils sont effectivement arrivés par deux.

De cette façon, je suis capable d’expliquer les personnages et leurs relations seulement avec leurs interactions. Dans mon cas, je ne pense pas que cela soit bon d’amener trop de narration. Je suppose que Gokû et Bulma sont assez représentatifs de cela.

..ahh maintenant que vous le dîtes, vous avez raison !

Quand il était enfant, Gokû ne connait rien (du monde), donc sans Bulma, ce serait un personnage qui ne dirait jamais rien. (rires)

Je vois ! donc on est passés de cette relation à celle de Beerus et Whis.

Pour certaines parties de l’histoire, comme le fait qu’il se réveille 39 ans après s’être endormi, Whis permet de clarifier les choses, sans ajouter de narration.

En prenant en compte cette période de 39 ans, le film se passe après la défaite contre Majin Buu et avant le chapitre final. Pourquoi avez-vous choisi cette période ?

Quand j’ai décidé qu’avec ce film, nous allions avoir tout le casting, je me suis demandé « quelle période conviendrait le mieux ? » S’il se passe après la défaite de Majin Buu, alors nous avons l’ensemble du casting à sa puissance maximale… Et puis, vous savez, au chapitre final, quand Uub apparaît, j’ai fait certains personnages comme Bulma et Krilin assez vieux, et pour être honnête je me suis dit « Ce sera peut-être un peu difficile » [de faire le film plus tard dans l’histoire de DB]. (rires)

Les personnages ont effectivement légèrement évolué depuis la fin de l’arc Majin Buu ! Quand j’ai vu le poster du film pour la première fois, j’ai été particulièrement surpris des changements de coupe de cheveux de Krilin et de Videl !

Je n’ai pas spécialement d’attrait pour les choses futiles comme les couleurs ou coupes de cheveux. Surtout avec les femmes, changer de coupe ou de couleur de cheveux est assez fréquent non ? Avec Bulma par exemple, je ne sais même plus quelle est sa couleur naturelle de cheveux. (rires)

Quuuoiiii !? Moi qui était sûr que la couleur bleue qu’elle avait la première fois qu’on l’a vue était sa couleur naturelle. (rires)

Je ne suis pas du tout intéressé par ces détails. Par contre je suis très intéressé par ce à quoi je dois faire attention comme les dialogues (rires).

Sur quoi avez-vous accentué votre travail du coup sur le film ?

Voyons voir. Bien, ça n’a pas vraiment changé depuis que j’ai commencé à dessiner Dragon Ball. Dans le temps, vu que c’est un magazine pour garçons, les lecteurs étaient des garçons, donc je me suis concentré pour « ne rien faire de très complexe ». Donc j’ai fait pareil pour le film : j’ai essayé de faire en sorte que même les enfants puissent l’apprécier.

Est-ce que la Bande à Pilaf qui apparaît est aussi un point sur lequel vous vous êtes portés sensei ? ils sont redevenus des enfants….

Oui, à ce propos. (rires) Au début, ils devaient juste être des petits voleurs. Mais vu que nous voulions avoir le casting entier, j’ai pensé que ce serait vraiment bien de rajouté des personnages que l’on n’a pas vu depuis longtemps. Donc j’ai fait revenir la Bande à Pilaf. Mais vous savez, j’ay ai pensé longuement après avoir pris cette décision, car ils étaient devenus assez vieux (rires).

Mai indique qu’elle a 41 ans (rires).

Donc je me suis dit que si je les faisais apparaître plus jeune, ça passerait.

Ils amènent l’histoire sur des points inattendus. J’ai été vraiment surpris de voir la tournure romantique des évènements !

Ah ! Bien, de toute façon, ça reste la Bande à Pilaf. S’ils avaient continué à apparaître comme des méchants, ils auraient été battus facilement. Donc je me suis dit, « peut-être que si j’ajoute un peu de romance, les développements futurs se feront plus facilement » (rires) J’ai rarement créé de romance dans mes mangas.

J’imagine qu’être totalement dévoué à l’amusement est probablement « mon style »

Maintenant que vous le dîtes, j’ai l’impression qu’il y a quelques moments d’affection dans ce film. L’avez-vous fait exprès ?

Non non non ! J’ai toujours été mauvais pour les histoires et les sentiments depuis le début. (rires) Je suis tellement mauvais qu’il y a même certaines fois où j’ai délibérément évité essayer de ne pas mettre de sentiments. Mais une fois encore, si vous me demandez « pourquoi faites-vous tant attention à cela » je vous répondrai, je ne sais pas.

En incluant le manga, ces éléments de Dragon Ball sont dessinés de façon très ponctuels.

C’est vrai. C’est embarrassant. Je ne suis pas bon pour rendre tout cela sérieux, même je me sens un peu maladroit… Même dans le film, il y avait plus de parties au départ qui étaient un peu plus sentimentales, mais ça m’a gêné donc je les ai modifiés. Il y a également pleins de gens dans le monde qui sont bons pour faire « pleurer les gens » ou « les rendre très émotifs ». Vraiment, J’imagine qu’être totalement dévoué à l’amusement est probablement « mon style ».

Donc toutes les émotions que les gens qui regardent ressentent sont juste les développements de tout l’amusement qu’ils ont eu avant !

Je crois qu’ils ne le réalisent pas eux-mêmes (rires) !

Maintenant, pour parler d’autre chose, dans ce film, un large panel de nouveaux éléments sont révélés. Par exemple, je pense au « château de Beerus » qui apparaît au départ, et la raison pour laquelle « la planète Kaio est petite ». Pouvez-vous nous en dire plus là-dessus ?

Le design du château de Beerus était amusant à dessiner. Quand je pense à une nouvelle histoire, j’essaie de rendre les choses concrètes. Peu importe qu’il soit un Dieu de la Destruction, ce serait mauvais s’il apparaissait d’un coup et se mettait à tout détruire, non ? Même moi je pense que ce serait mauvais… Donc, même si ce n’est pas forcément exprimé dans mon travail, je créé toujours une histoire et un contexte pour mes personnages.

Est-ce que Bulma fait une fête d’anniversaire tous les ans ?

Je ne pense pas qu’elle le fasse. Je veux dire, Gokû et ses amis sont tous éparpillés aux quatre coins du monde non ? Donc de temps à autre, Bulma fait une fête afin d’avoir une excuse pour rassembler tout le monde. Avec des prix fantastiques. (rires)

Les Dragon Balls sont là, bien sûr, mais il y a aussi un château (rires).

« Si c’est assez extravagant, ils viendront surement » c’est ce qu’elle doit se dire… Mais je ne pense pas que le château tiendrait dans un entrepôt. (rires)

Est-ce que vous gardez des notes quelque part, pour toutes ces informations de contexte ?

Non, je ne le fais pas. C’est pourquoi je n’arrête pas d’oublier des choses. Si je n’oublie pas certaines choses, je n’arriverais pas à avoir de nouvelles idées. Par exemple, savez-vous à quoi ressemble un « Super Saiyan 3 » ?

Oui, avec les cheveux longs.

Je ne savais pas. (rires) Pendant tout ce temps, je pensais que c’était le Super Saiyan 2. (rires)

Quoi !?

Et c’est moi qui l’ai dessiné. (rires) D’une certaine façon, « 2 » était devenu le 1 mais avec des cheveux longs. Je me disais « j’ai vraiment oublié pleins de choses ».

Bon et d’où vient le concept du « Super Saiyan God » ?

Whis le dit également mais je pensais « Super Saiyan God … Si vous posez la question, je vous répondrais que c’est un peu exagéré ». (rires) De toute façon, j’ai relu toute l’histoire pour la première fois depuis très longtemps, et vous savez comment les Super Saiyan deviennent de plus en plus lumineux ? Quand on arrive au « 3 » les cheveux deviennent même plus longs. Donc j’ai décidé de restreindre les choses le plus possible.

Donc peut-être que c’est la même logique que pour Beerus ?

Oui. C’est le Dieu des Saiyan, donc j’ai décidé d’aller dans la direction opposée et de l’amener aux limites de la simplicité.

Les scènes de combat ! Elles étaient encore plus intenses que je ne l’avais imaginé.

Enfin, pouvez-vous nous donner vos impressions après avoir été impliqué sur le film et sur sa qualité dans sa version finale ?

J’ai beaucoup aimé. Si je viens seulement avec l’histoire, je n’ai aucun artworks à dessiner. (rires) Les mangas sont des choses que vous dessinez et réalisez vous-mêmes, mais quand vous laisser tout ça à d’autres personnes que vous, il est possible alors de réaliser des choses encore plus impressionnantes que ce que vous aviez imaginé, non ? Dans ce film, c’était les scènes de combat ! Elles étaient encore plus intenses que je ne l’avais imaginé. Cela ne me fait rien que mon travail soit réarrangé. Il y a des gens qui sont pointilleux à ce propos, mais j’ai été incroyablement ravi que les modifications d’autres personnes aient rendus mon travail encore plus intéressant !!

 

[1] Le terme utilisé en japonais est ikemen, qui signifie cool, un personnage séduisant.

 

Source : Kanzenshuu

Traduction : Matthanor

À propos Matthanor

Fan depuis toujours de Dragon Ball, j'ai grandi avec le Club Dorothée et avec tous les anime de légende, diffusés pour la première fois en France à ce moment-là. Je suis fan de l'intelligence que Toriyama met dans ses œuvres et notamment j'adore découvrir de nouvelles illustrations et vous traduire tout un tas d'interviews le concernant. Fait rare : j'aime bien Dragon Ball GT !


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