L’auteur du manga Dragon Ball Super, Toyotaro, est l’un des invités de marque de l’édition 2025 du salon Japan Expo, qui se déroule tout le week-end en France au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. Au côté d’autres grands noms de la licence de Dragon Ball tels que Kazuhiko Torishima, le premier éditeur d’Akira Toriyama, et Katsuyoshi Nakatsuri, animateur sur les séries animées Dragon Ball, Toyotaro a fait le déplacement jusqu’en France pour rencontrer les fans et livrer quelques conférences et séances de dédicaces, mais a pu également donné des interviews à la presse.
Et la célèbre radio France Inter a donc pu poser quelques questions à Toyotaro, dans laquelle il nous parle de son admiration pour Akira Toriyama et ce qu’il a pu lui apporter, sur son travail, ses habitudes, son rapport avec les fans, ou encore l’arc narratif sur lequel il a pris le plus de plaisir à travailler.

FRANCE INTER : Un an après le décès d’Akira Toriyama, quelle est l’image que vous gardez de lui aujourd’hui ?
TOYOTARO : C’était vraiment quelqu’un de très gentil, qui était d’une tolérance incroyable, un peu comme un vieux sage. Il avait du cœur. Dès qu’il avait des choses en tête, il pouvait devenir intransigeant là-dessus. Une personne très gentille et en même temps, il y avait cette rigueur que je pouvais sentir parce que j’avais peur de le décevoir. Il m’a enseigné directement l’art du manga. Cette technique qu’il m’a transmise, qu’il m’a enseignée directement, doit être un héritage que je protège. Il faut que je la prenne à pleines mains.
Vous êtes son successeur désigné, est-ce que vous ressentez une pression particulière, notamment face à la popularité de Dragon Ball ?
TOYOTARO : Moi-même, je ne me considère pas comme son successeur, son héritier, mais comme un membre de l’équipe qui tente de continuer à diffuser les œuvres de Akira Toriyama au monde. Je ne pense pas devoir tout prendre sur mes épaules. Dans ce sens-là, évidemment que j’ai une responsabilité, mais que cette responsabilité est partagée et que je ne suis pas seul. Il y a toute la production. Il y a tous les fans. C’est vraiment une œuvre qui a été créée par beaucoup de monde.
Mais successeur, le terme est un peu trop fort. Cette responsabilité ne me revient pas qu’à moi. C’est vraiment un travail d’équipe. Quand Akira est décédé, nous avions vraiment ce sentiment de protéger encore plus cet héritage.
Le fait que vous soyez un fan de Dragon Ball depuis votre enfance, est-ce que cela change quelque chose dans votre manière de créer ?
TOYOTARO : J’adore Dragon Ball, j’aime beaucoup trop presque. Il y a quelques lecteurs qui ne sont pas très au courant de l’œuvre et parfois je vais vraiment mettre des détails très précis, de niche. Parfois, j’essaye d’éviter ces sujets un peu trop niche. C’est par exemple, juste dans une petite vignette. Pour les fans, ça peut être intéressant, mais ça reste très limité. Et si je répète ce genre d’expérience un peu trop souvent, les fans « légers », si l’on peut dire, risquent d’être un peu « soulés ».
Justement, quelle est votre relation avec les fans du manga?
TOYOTARO : De mon point de vue, je les considère comme des partenaires avec qui on va co-créer cette œuvre. C’est un manga qui existe uniquement parce que les fans existent. J’ai envie de créer quelque chose où tout le monde va s’amuser. Je n’ai pas envie de créer quelque chose tout seul, et juste imposer ma vision de l’œuvre.
Qu’est-ce qui vous inspire quand vous dessinez?
TOYOTARO : Il y a déjà Akira Toriyama. Mais finalement, ça serait qu’une pâle copie en fait si je ne m’inspire que de lui. Il y a aussi le cinéma et d’autres mangas. J’essaye de m’inspirer de ça et de me mettre à jour régulièrement. Il y a aussi les films Pixar, Marvel et je suis un grand fan de Star Wars aussi. Finalement, je me rends compte, parfois, que j’étais influencé par Star Wars, sans en avoir conscience sur le moment. Mais il y a une certaine connexion. Akira Toriyama aussi était un fan de Star Wars.
Être mangaka, c’est énormément de travail. Vous passez combien de temps chaque jour à dessiner?
TOYOTARO : Pendant que j’étais en train de publier la série, à part quand je dormais, que je mangeais et que j’étais sous la douche, tout le reste était dédié aux mangas. Quand la deadline est en train de s’approcher. La dernière semaine, on arrive à trois ou quatre heures de sommeil.
Racontez-nous, comment travaillez-vous ?
TOYOTARO : Au départ, les idées viennent. Puis, quand tout a été décidé, quand j’attaque le dessin, je commence à mettre la télévision, de la musique. J’ai besoin d’un peu de bruit sinon j’ai du mal à me motiver. Quand il y a des paroles, je suis entraîné par ces paroles. Sinon je vais plutôt écouter la bande originale d’un film, comme Star Wars ou du cinéma japonais, avec un tempo pressant.
Vous avez le temps de lire des mangas ?
TOYOTARO : Je pense qu’il faut continuer à lire des mangas et donc je prends le temps pour ça. La lecture de mangas fait partie de mon travail et que ce n’est pas quelque chose que je peux faire en étant vraiment détendu.
Pour en venir à Dragon Ball, quel est l’arc narratif que vous avez préféré à dessiner ?
TOYOTARO : Trunks, je me suis beaucoup amusé en écrivant cet arc. C’est un personnage qui était très proche de ce que je voulais faire. Les films américains que je voyais quand j’étais jeune, cet univers était quelque chose que j’aimais beaucoup et donc je savais que j’avais cette ambition et ce désir de pouvoir dessiner ça. Le fait de pouvoir réaliser ça, c’était très bien pour moi.
Vous avez quasiment toujours dessiné du Dragon Ball. Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir plus pu affirmer votre style ?
TOYOTARO : J’aime beaucoup Dragon Ball. Je voulais écrire pour Dragon Ball et c’est pour ça que je suis devenu mangaka. Je n’ai aucun regret par rapport à la tournure de ma carrière actuellement. C’est parce que je voulais dessiner du Dragon Ball, que je suis devenu mangaka. Donc ça me va. Je suis très content.
Donc, ça ne vous manque pas ?
TOYOTARO : Dessiner des storyboards originaux m’aidera peut-être à évoluer en tant que mangaka. Et quand je reviendrai même à des histoires Dragon Ball, peut-être que ça me permettra de faire de nouvelles approches. J’ai quand même la motivation et l’ambition de pouvoir aborder le sujet de différents angles et peut-être avoir une nouvelle évolution dans ma carrière et mes compétences.
Interview réalisée par Victor Vasseur pour France Inter.
Dragon Ball ne doit pas se terminer
Dans une autre interview réalisée cette fois-ci par France Info, Toyotaro nous parle cette fois de la France, de sa première rencontre avec Dragon Ball ou encore de son parcours pour devenir mangaka. Il nous apprend aussi que son personnage préféré de Dragon Ball Super est Granola, un personnage qu’il a créé lui-même et qui a tout de suite été validé par Akira Toriyama. Toyotaro évoque également la mort du maître, et explique qu’il a traversé un période de doute à ce moment là. Enfin, Toyotaro nous dit que selon lui, Dragon Ball ne devrait pas finir, et que c’est la force des fans qui permettra à l’œuvre de continuer.