Akira Toriyama Super Interview – Daizenshuu 3 TV Animation Part 1
L’Akira Toriyama Super Interview – Daizenshuu 3 TV Animation Part 1 a été écrite en 1995 et reportée dans le cadre du Daizenshuu 3, troisième volume de la série de guides officiels Daizenshuu dédiés au Dragon World. Ce numéro portait particulièrement sur l’anime TV Dragon Ball, qui couvrait Dragon Ball jusqu’à la moitié de Dragon Ball Z. Le guide donne un aperçu de la production, des génériques des opening et des ending, des eyecatch, des fillers et un focus sur l’histoire des Saiyans.
3ème Tour : La fusion avec l’animation
Quand nous parlons de Dragon Ball, personne ne peut passer à côté de l’adaptation en dessin animé. Il a étendu le nombre de fans, et même maintenant, des fans continuent à crier leur soutient. Le créateur, Akira Toriyama, parle avec ses mots de la série TV qu’il a aidé à construire !!

Akira Toriyama Super Interview – Daizenshuu 3 TV Animation Part 1

Q : Pour cette troisième Super Interview, Sensei, j’aimerais vous poser des questions principalement en relation avec la série animée Dragon Ball (DB par la suite). Tout d’abord, regardez-vous la série animée DB à la TV ?
T : Oui. Je la regarde en dinant et autres, ainsi qu’avec mes enfants.
Q : La regardez-vous, non pas comme « créateur » mais comme un téléspectateur classique ?
T : J’essaye en tout cas. Mais à la fin, même quand je suis en train de diner, je me dis toujours pour moi-même « alors c’est comme ça qu’ils ont fait cette scène ». Je suppose donc que c’est en réalité un peu différent d’un spectateur lambda.
Q : La série TV inclut des parties qui sont inédites (par rapport au manga : ndlr). Ont-ils aussi utilisé des idées que vous avez apporté, Sensei ?
T : Ce sont surtout des idées transmises à la Toei Animation par mon éditeur. Quand des parties originales sont diffusées à la TV, j’avais des palpitations. En quelque sorte, je me disais « ah, ce genre de chose est pas mal aussi ».
Q : Avez-vous déjà en tête des idées détaillées de choses qui ne sont pas apparues dans l’œuvre originale ?
T : Généralement, j’ai déjà envisagé un certain nombre de concepts, quand je pense que des choses devraient se passer d’une certaine façon. Par exemple, quand l’histoire avance soudainement de cinq ans, je me dis « pendant ces cinq ans, il a certainement dû se passer telle chose… ».
Q : Avez-vous également contribué aux personnages originaux de la série animée ?
T : Pour les scènes dans lesquelles Gokû s’entraîne au Royaume de Maître Kaio, ils m’ont dit qu’ils voulaient un personnage supplémentaire, j’ai donc créé un personnage nommé « Gregory ».
Q : Quand la série DB a été planifiée pour être animée, avez-vous eu des demandes particulières ?
T : Au début, je n’ai rien demandé de spécifique. Je ne suis pas du genre à beaucoup ouvrir ma bouche à ce propos, mais après l’avoir vu en diffusion, je me suis dit qu’il fallait que DB ressemble un peu plus à un conte de fée, donc j’en ai parlé. Simplement, je laisse ça à la Toei, et je fais de toutes petites remarques quand je dois absolument en faire.
Q : Avez-vous participé à un quelconque travail sur la série DB, sensei ?
T : Il y a eu quelques fois où la version couleur d’un personnage est apparue (ndlr : dans la série TV) avant la sérialisation (ndlr : dans le manga). Dans ces cas-là, j’envoyais mes réponses et autres à la Toei Animation via le département éditorial. J’écoutais également les comédiens de doublage via leurs cassettes d’audition, et je travaillais à décider qui aurait quel rôle. Pour décider qui aurait le rôle de Gokû, j’ai dû écouter 5 ou 6 personnes, et ai choisi Masako Nozawa-san parmi elles.
Q : Quelles a été votre impression en écoutant la voix de Gokû dans la diffusion TV ?
T : « Ah, c’est à ça que ressemble la voix de Gokû. » Après cela, quand j’écrivais le manga, même moi, j’avais cette voix qui venait dans ma tête. En ce temps-là, la voix de Gokû était toujours celle de Nozawa-san, je me disais « elle est douée ». Même aujourd’hui, je ne peux pas séparer la voix de Gokû de Nozawa-san.
Q : Avez-vous choisi les voix des autres rôles aussi, Sensei ?
T : J’ai été présent pour la sélection des rôles majeurs. Par exemple, Krillin a été la seule voix pour laquelle j’ai demandé une comédienne en particulier, Mayumi Tanaka-san. Quand j’ai vu « Train de nuit dans la Voie lactée[1] », je me suis exprimé « Cette voix est vraiment bonne » en référence au personnage principal, et un ami qui connaissait les comédiens m’a répondu « il s’agit de Mayuki Tanaka-san ».
Q : Avez-vous déjà visité le studio d’animation ou d’enregistrement ?
T : Deux ou trois ans après le début de la sérialisation de Dragon Ball, j’ai visité le studio d’enregistrement. J’ai observé leur travail, et mon honnête opinion a été « c’est un travail dur ».
Q : Voudriez-vous vous essayer au travail de comédien de doublage ?
T : Pas du tout !! Absolument pas !! (Part en fou rire) A mon sens, ce n’est absolument pas quelque chose que je peux faire !
Q : Que ressentez-vous à propos de la « réalisation des mouvements » dans l’anime ?
T : Je me suis toujours dit « les animateurs sont incroyables ». Ils doivent être capable de dessiner tous les points d’un mouvement à un autre, du coup je me dis qu’ « ils peuvent vraiment répartir les choses dans le temps ». Je ne peux pas copier cela. Aussi, j’envie le fait qu’ils peuvent exprimer des mouvements soudain.
Q : Et que dire des attaques et autres, réalisées avec des effets spéciaux ?
T : Le fait qu’ils peuvent utiliser la lumière – j’envie vraiment cela. Avec l’animation, pour les explosions et autres, vous pouvez avoir un flash de lumière, et l’exprimer avec de la lumière et du son, mais dans les manga, vous n’avez pas d’autres choix que de l’exprimer en toutes lettres, comme « KA-» . Ça manque de punch ! (rires)
Q : Donc vous faites aussi attention à l’aspect sonore ?
T : Oui ! J’envie en particulier le fait qu’ils peuvent faire appel à des effets sonores pour les explosions et autres, ainsi qu’à de la musique de fond (BGM – background music : ndlr)
Q : Quand vous réalisiez le manga, vous êtes-vous déjà dit « ce type de musique de fond irait bien avec cette scène » ?
T : En fait, non. Par contre, quand je regarde l’anime, je vais entendre cette musique de fond pour une scène excitante et me dire « c’est bon ». Dans les mangas, vous ne pouvez-pas vous y mettre et juste écrire « La-da-dee-da-daah~ ». (rires) Vous ressembleriez à un idiot. (rires)
Q : Y-a-t-il un style de musique qui vous rappelle Gokû, sensei ?
T : Je ne sais pas. J’imagine quelque chose de brillant, avec un ton optimiste, mais aussi avec un sentiment de relaxation malgré le tempo.
Q : Quand vous écrivez un manuscrit, dites-vous toujours les lignes à haute voix ?
T : Je ne les dis pas à haute voix, mais on m’a dit, que sans que le réalise, mon visage prend l’expression du personnage que je dessine. (rires) Mon assistant et ma femme m’ont dit que pendant les scènes de combat, quand un personnage fait une sorte de « guwaa » en expression faciale, mon visage fait aussi un « guwaa ». (rires) Donc après, mon visage entier est fatigué (rires) Je suppose que c’est parce que je suis le genre de personne qui est pris par son travail.
Q : Après avoir vu la série DB animée, est-ce que cela a influencé votre œuvre originale ?
T : En parlant avec et en regardant des illustrations du responsable d’animation, Toyo’o Ashida-san, avec lequel j’avais déjà travaillé[2], je me suis dit « des lignes précises fonctionnent très bien pour l’animation des combats ». Jusqu’à ce moment, je mélangeais des couleurs ensemble, mais après cela, je gardais les couleurs séparées, comme dans l’anime. Si vous divisez les couleurs proprement, cela devrait avoir le même effet qu’en les mélangeant. Non seulement cela, mais j’ai été capable de donner un look précis avec des couleurs nettement séparées qui convenaient dans un Shonen, et colorier les illustrations est devenu plus facile. Donc j’ai été influencé à la fois par Ashida-san et par l’anime.
Q : Avez-vous déjà vu des diffusion TV internationales de la série animée DB ?
T : Je n’en ai pas vu en tant que tel, mais j’ai déjà vu des annonces dans d’autres programmes. Ça semblait un peu étrange, mais aussi « et bien, pourquoi pas ». Par contre, je me suis dit qu’entendre Gokû dire « Hmmm~c’est bon ! » (ndlr : en Français dans le texte) quand il mange quelque chose ne lui va pas très bien. (rires)
Q : Regardez-vous des tokusatsu [3]?
T : Quand je dessinais le Commando Ginyu, mon fils en regardait, donc je regardais avec lui. Les Tokusatsu sont très intéressant.
Q : Donc les poses du Commando Ginyu ont été inspirées par les tokusatsu ?
T : Ils l’ont été. (rires)
Q : Regardiez-vous des anime quand vous étiez petit ?
T : Je regardais des séries comme « Astro Boy » (Tetsuwan Atom)[4] et « Gigantor » (Tetsu-jin #28)[5] jusqu’en CM1. Dans la seconde moitié de mon école primaire, je préférais les shows en live-action et les films de Kaiju (ndlr : films de monstres géants), et puis au collège, j’en suis venu aux films classiques.
Q : Vous rappelez-vous le premier anime que vous avez vu, sensei ?
T : Je ne me rappelle pas du tout premier, mais celui qui est vraiment resté dans ma mémoire était Astro Boy. Je participais à des loteries ou autres, et je collectais des stickers Astro Boy et d’autres choses. Après cela, j’ai vu les « 101 dalmatiens »[6]. Je me rappelle que l’art de ce film était fantastique. A part cela, j’ai aussi vu Osomatsu-kun[7], tout le monde imitait la pose d’Iyami « She-i »[8]. (rires). J’aimais aussi 8-Man[9].
Q : Du coup, que pensez-vous du fait que Dragon Ball est en train d’atteindre un niveau de popularité qui rivalise avec Astro Boy à son plus haut ?
T : Vraiment ?
Q : Oui c’est vrai ! (part en fou rire) Et maintenant que vous m’avez fait rire, j’en termine avec cette interview. Merci beaucoup pour aujourd’hui.
(La suite sera dans le Daizenshuu 5 – Super Interview d’Akira Toriyama)
Propos enregistrés les 5 juin 1995 chez Akira Toriyama.
Remerciements : Kanzenshuu
Notes de traduction :
[1] Animation de 1985, basée sur la nouvelle du même nom de Kenji Miyazawa (1927). Tous les personnages de la version animée sont des chats.
[2] Toyo’o Ashida était un animateur, qui a d’abord travaillé sur l’adaptation TV de Dr Slump de Toriyama. Les deux ont collaboré en 1988 sur l’anime original Kosuke-sama Rikimaru-sama : Le Dragon de Konpei Island pour les 20 ans du « Jump anime Carnival », à partir duquel il est dit que Toriyama a acquis son inspiration pour son style d’ombrage dans son manga.
[3] Des shows japonais avec des effets spéciaux. Type spécifique dont sont issus notamment Kamen Rider, Ultraman et autres.
[4] Série TV diffusée entre 1963-1966. Basée sur le manga de Osamu Tezuka. La première série animée au Japon.
[5] Série TV diffusée entre 1963-1967
[6] Film d’animation, diffusé au Japon en 1962. Un classique Disney.
[7] Série TV diffusée entre 1966-1967, basée sur le manga de Fujio Akatsuka. Ce manga nous conte la vie de six frères japonais.
[8] La pose du personnage Iyami « Sheee-i » est devenu virale au milieu des années 1960 au Japon. Même John Lennon l’a reprise.
[9] Série TV diffusée entre 1963-1964 basée sur le manga de Jirō Kuwata et Kazumasa Hirai. Il s’agit d’un manga de science-fiction jamais traduit en français, à propos d’un super héros cyborg.